Douleurs oro-faciales : le dentiste-occlusodontiste au cœur d’un réseau de soins coordonnés

Comment le dentiste-occlusodontiste peut-il au mieux aider les personnes qui souffrent de douleurs oro-faciales chroniques? En assumant de les considérées au cœur d’un réseau de soins coordonnés. Trop souvent, ces personnes errent entre diverses spécialités médicales et paramédicales, chacune disposant d’un élément de réponse. Mais les solutions dont ces personnes auraient besoin ne peuvent trouver de solution dans des réponse partielles, parce que les douleurs oro-faciales peuvent avoir des origines diverses et intriquées. Leur diagnostic et leur traitement sont donc particulièrement délicats. Ils nécessitent une approche globale et coordonnée. Le dentiste-occlusodontiste est donc appelé à prendre sa place au sein d’un réseau pluridisciplinaire pour accompagner chaque personne dans son parcours de soins coordonnés.

Les douleurs oro-faciales chroniques sont l’une des principales motivations de consultation du dentiste-occlusodontiste. En effet, un déséquilibre occlusal peut entraîner des tensions musculaires et articulaires (Manfredini et al. 2017, p. 489) provoquant des douleurs chroniques. Cependant, l’expertise spécifique du dentiste-occlusodontiste bien que fondamentale, n’est qu’une pièce du puzzle. Son rôle auprès des personnes qui le consultent doit pouvoir s’étendre au-delà du diagnostic et du traitement occlusal. Car l’expérience montre que les soins du dentiste-occlusodontiste sont plus pertinents s’ils tiennent compte des facteurs de troubles relevant d’autres disciplines. Ce praticien devrait donc jouer un rôle d’information et d’orientation, et idéalement, de coordination d’un accompagnement pluridisciplinaire.

Le bruxisme illustre parfaitement la nécessité d’une approche pluridisciplinaire. Lobbezoo et al. (2018, p. 1050) insistent sur l’importance d’une collaboration entre dentistes, psychologues, neurologues et thérapeutes manuels pour une prise en charge efficace. Le dentiste-occlusodontiste doit orchestrer cette collaboration, assurant une communication efficace entre les différents intervenants.

Michelotti et al. (2020, p. 3) rappellent que l’orthodontie seule ne suffit pas toujours et doit s’intégrer dans une approche plus globale.

Knuijt et al. (2018, p. 205) soulignent l’importance de la rééducation des fonctions oro-faciales dans la gestion globale des douleurs. Le dentiste-occlusodontiste doit donc établir des partenariats solides avec les professionnels concernés par les enjeux fonctionnels. Pour faciliter les orientations et les échanges d’informations, il est nécessaire de s’ouvrir à une approche transdisciplinaire. Il ne s’agit pas seulement de réorienter mais de travailler ensemble à partir d’un langage commun, de tests communs… Le dentiste-occlusodontiste a donc vocation à comprendre les enjeux de la pratique de ces correspondants, médicaux et para-médicaux :

Les thérapeutes manuels et les professionnels engagés dans l’éducation thérapeutique jouent un rôle essentiel. A commencer par les kinésithérapeutes maxillo-faciales et les ostéopathes qualifiés. Armijo-Olivo et al. (2016, p. 1340) ont mis en évidence l’efficacité de leurs techniques dans le soulagement des tensions musculo-squelettiques associées aux douleurs oro-faciales.

Les spécialistes de l’éducation thérapeutique et somatique ont aussi une contribution importante. Schiffman et al. (2014, p. 1230) ont mis en évidence l’efficacité de ces approches éducatives dans la gestion à long terme des douleurs oro-faciales chroniques. Le dentiste-occlusodontiste doit intégrer ces approches dans son arsenal thérapeutique, soit en se formant lui-même, soit en collaborant étroitement avec ces spécialistes.

Les orthophonistes peuvent jouer un rôle important, notamment dans les cas impliquant des troubles de la déglutition ou des dysfonctions linguales. L’implication des orthoptistes et optométristes est souvent négligée, mais s’avère précieuse dans de nombreux cas. Monaco et al. (2021, p. 7) mettent en lumière le lien entre les dysfonctions visuelles et certaines douleurs oro-faciales. Le dentiste-occlusodontiste averti doit être sensible à ces connections et savoir quand une évaluation de l’entrée occulaire est nécessaire.

La neurologie est essentielle dans la compréhension des mécanismes douloureux, notamment pour les douleurs neuropathiques. Zakrzewska et al. (2019, p. 1354) soulignent l’importance d’une collaboration interdisciplinaire dans ces cas complexes. Le dentiste-occlusodontiste doit être capable de reconnaître les signes suggérant une origine neurologique et savoir quand orienter vers un neurologue.

L’aspect psycho-émotionnel ne peut pas être négligé. Durham et al. (2015, p. 1084) soulignent l’efficacité des approches psychologiques dans la gestion de certaines douleurs oro-faciales chroniques. Le dentiste-occlusodontiste doit être sensible aux facteurs psycho-sociaux et comprendre en quoi un accompagnement psychologique (coaching et/ou thérapies brèves par exemple) pourrait être indiqué.

L’ensemble de ces soins doivent être articulés en fonction de chaque situation pour assurer la pertinence de l’approche pluridisciplinaire. Surtout quand des soins isolés ont déjà été tentés et n’ont pas suffit, il s’agit de mettre ne place une stratégie globale, coordonnée et personnalisée. Le dentiste-occlusodontiste peut jouer ce rôle de coordination dans le cadre d’un partenariat thérapeutique co-créé avec et pour la personne concernée. Il est aussi nécessaire de prendre en compte les enjeux particuliers de la personne concernée, ses préférences, et ses contraintes, notamment financières.

La mise en place d’un réseau de correspondants partageant cette approche pluridisciplinaire est indispensable. Le dentiste-occlusodontiste doit développer et entretenir des relations professionnelles solides avec des praticiens de diverses spécialités, tous engagés dans une philosophie de soins centrée sur le patient et basée sur la collaboration.

Cette approche, bien que plus exigeante, offre les meilleures chances de soulagement durable pour les personnes souffrant de douleurs parfois invalidantes, en respectant les gradients thérapeutiques et spécificités individuelles. Elle représente une réponse à la hauteur des défis lancés par les douleurs oro-faciales chroniques, une approche centrée sur la personne et ses nombreux enjeux, non plus isolée mais accompagnée, au cœur d’un réseau de soins coordonnés.