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De la tête au pied

    Apports d’un podologue-posturologue dans le soin des douleurs chroniques

    Comment soulager des douleurs chroniques en établissant les liens entre les tensions musculaires d’une personne, son occlusion dentaire et ses pieds ? En considérant le corps humain dans sa globalité, il est possible d’établir un diagnostic opérationnel de l’équilibre postural au regard de l’influence des différents capteurs : oculaire, mandibulaire et podal. 

    Mickael Garnier podologue posturologue en consultation dans son cabinet. © dentistes-occlusondites.fr 2023

    La posturologie, désormais enseignée à l’université (1), s’est développée depuis les années 50 de façon empirique et pragmatique. Cette même recherche de résultats concrets a poussé Michael Garnier, son diplôme de podologue en poche, à se former à la posturologie, stimulé par son partenariat avec un médecin devenu ostéopathe. La pratique de ce podologue-posturologue s’est donc établie, depuis 20 ans, dans une approche résolument pluridisciplinaire.

    dentistes-occlusodontistes.fr : un grand nombre de personnes souffrent de douleurs musculaires chroniques qui semblent idiopathiques. Il est difficile pour les praticiens de les soigner sans en repérer la cause. Comment la posturologie peut-elle permettre d’établir l’impact de l’un des capteurs oculaire, mandibulaire ou podal ?

    Michael Garnier : certains signes peuvent indiquer un trouble postural, par exemple une scoliose idiopathique. Il sera utile d’adresser cette personne chez un praticien formé en posturologie pour évaluer plus précisément l’impact d’un des trois capteurs de la posture. 
    En ce qui concerne le capteur podal, il est en cause quand des douleurs sont entretenues par des déséquilibres ascendants tels qu’un genou flessum, une jambe courte, un pied plus plat/valgus en charge…
    Un déséquilibre du capteur podal engendrera une symptomatologie basse le plus souvent unilatérale : douleurs se situant entre les pieds et les lombaires (Tendinite d’Achille, épine calcanéenne, Osgood-Schlatter, maladie de Sever, bursite de hanche, sciatalgie et/ou lombalgie chronique….) 

    Le champ des symptômes est vaste. 

    Comment faites vous le tri avec le dérèglement des autres capteurs ? Notamment un déséquilibre occlusal ? 

    Michael Garnier : Évidemment, il serait inapproprié de proposer des semelles si l’entrée podale n’est pas avérée. Donc je procède toujours aux examens podologique-posturologiques. Cependant,  lorsque je soupçonne que les déséquilibres sont aussi ou surtout descendants, je propose un test fonctionnel, mécanique. J’évalue la rotation des chevilles de la personne en position allongée, donc les pieds hors charge. Si ce test, dit des “essuie-glace” (rire) indique que les tensions douloureuses découlent d’un déséquilibre dû à un trouble oculaire ou occlusal, je réoriente la personne. Je ne propose pas de semelle quand je constate une entrée haute sans influence descendante. J’oriente vers un optométriste ou un occlusodontiste.

    Toutefois, le traitement avec des semelles de stimulations est utile que le dérèglement podal soit primaire ou secondaire, c’est à dire influencé par un dérèglement plus global. La priorisation du traitement dépend de l’ancienneté du dérèglement et des symptômes. C’est à apprécier en fonction de l’historique des douleurs et des perturbations posturales. Tout dépend de l’influence de tel capteur sur le reste du corps.

    Pourquoi privilégier les “semelles posturales” ou semelles de stimulation musculaire ?

    Michael Garnier : Les semelles disons traditionnelles, telles que j’ai appris à les faire lors de ma formation de podologue sont utiles lorsque la configuration architecturale du pied l’exige pour améliorer le confort de la personne. Donc j’en fait si besoin. Cependant, j’ai observé dès mes premières années de pratique, alors que je travaillais en partenariat avec un médecin devenu ostéopathe, il est souvent plus efficace de proposer des semelles de stimulation musculaires pour obtenir une correction globale des membres inférieurs. 

    Ces semelles de stimulation participent-elles d’une rééducation posturale ? Pas besoin de les porter à vie ?

    Michael Garnier : Le but d’une correction posturale est de rééduquer, donc de ne plus être nécessaire une fois le travail effectué. 

    Votre expérience clinique montre des résultats intéressants pour la prévention de la scoliose chez l’enfant ? et chez l’adulte ?

    Michael Garnier : C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Les scolioses dites idiopathiques, c’est à dire sans cause connue, sont plus fréquentes chez les filles, se développent entre 10 et 18 ans lorsqu’elles sont mal gérées. J’ai pu observer des réductions de scoliose, constaté radiologiquement, donc mon cheval de bataille c’est la prévention. Pour dépister au plus tôt une scoliose naissante, et l’enrayer, il faut pouvoir aider les parents à repérer les signes et faire un travail en commun avec les autres professionnels de santé orthodontiste, ostéo, optométriste… Avec les patients adultes, on pourra soulager en tentant de corriger ce qui peut être rattrapé. C’est l’enjeu le plus connu de la posturologie, soulager les personnes qui souffrent d’un mal de dos chronique. ça passe par un bilan fonctionnel des différents capteurs de la tête aux pieds : les yeux, l’occlusion dentaire et le capteur podal. Et par une approche pluridisciplinaire de la rééducation et du soin. 

    Quel est le parcours de soin que vous avez adopté, c’est à dire à quoi doivent s’attendre les patient.e.s qui viennent vous consulter ?

    Michael Garnier : La première consultation permet de faire un bilan. Alors, si des semelles s’avèrent nécessaires, elles seront fabriquées sur mesure. Elles seront remises et testées lors d’une deuxième séance. Je propose toujours une troisième pour une réévaluation. C’est indispensable pour vérifier et adapter le traitement si besoin. Le forfait pour les trois séances est partiellement pris en charge par la CPAM et la mutuelle. Il n’est pas besoin d’ordonnance.

    Plus d’info : 

    Michael Garnier interviendra le 8 février 2024 lors des soirées conférences pluridisciplinaire organisées par le collège professionnels de santé de l’association VimVitae.

    1. https://www.univ-tlse3.fr/decouvrir-nos-diplomes/diu-posture-equilibre-et-locomotion

    Qu’est ce que la posturologie ? 

    Dans les années 50, BARON montre que de légères modifications proprioceptives entraînent des adaptations posturales et locomotrices majeures ; ces dernières générant un cortège de pathologies sont traitées par des stimulations posturales au niveau des organes sensoriels.

    Suite aux travaux sur les réactions d’équilibration, GAGEY développe la notion de Système Postural Fin (SPF), organise l’examen clinique postural et crée la Posturologie .

    DA CUNHA décrit en 1979, le syndrome de déficience postural qui élargit le syndrome post-commotionnel en y incluant les troubles de l’axe corporel.

    En 1985, VILLENEUVE et collaborateurs apportent les connaissances podologiques orientées vers la posture et enrichissent les perspectives cliniques (posturo-dynamique, épine irritative d’appui plantaire, chaînes neuromusculaires, etc…) et thérapeutiques (semelles de posture) en développant la Posturopodie.

    En 1994, MARINO et VILLENEUVE suite à des recherches cliniques créent la Posturodontie. Cette thérapeutique posturale utilise des réactions d’orientation, à point de départ stomatognatique notamment labial et lingual par l’intermédiaire de gouttières ou de subtils collages (alph) sur les faces vestibulaires ou linguales des dents.

    En 1996, LEMAIRE et VILLENEUVE développent une véritable Thérapie Manuelle Informationnelle au service de l’homme debout : la Posturothérapie, à partir d’une synthèse entre les recherches fondamentales en neurosciences et les découvertes cliniques.

    Mickael Garnier podologue diplômé en 2002, formation enrichie par différentes certifications en posturologie car cherchais plus loin pour répondre à certaines pathologies, car pas prise en compte du bassin dans les études classique. Quand je me suis installé à mon compte, je travaillais avec un médecin ostéopathe. Nous avons identifié que certaines pathologie n’évoluait pas favorablement et c’est lui qui m’a mis sur la piste de la posturologie. C’est un aspect intéressant du métier. ma première formation en posturologie nous l’avons fait ensemble. 

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