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L’occlusodontie centrée sur la personne

    L’Occlusontontie change d’époque ! Sans aucun doute. Le Collège National d’occlusodontologie (CNO) marque un tournant avec les 39èmes Journées Internationales, qui se sont tenues ce printemps à l’Institut Pasteur à PARIS. Ces trois intenses journées d’exposés, d’atelier et d’échanges, ont fait solennellement entrer le vénérable CNO dans l’ère de la médecine centrée sur la personne.

    Certes, l’occlusodontie traite toujours des dysfonctionnements de l’appareil manducateur. Cependant, l’attention des dentistes-occlusodontistes, à l’évidence, doit se porter au-delà du système masticatoire : les dents, les articulations temporo-mandibulaires (ATM) et les muscles associés. Car ce système complexe peut être affecté par diverses perturbations physiologiques, pathologiques, traumatiques ou iatrogènes, entrainant des douleurs et une impotence fonctionnelle. Pour reprendre le moto du Dr Christophe Weill « Nous soignons des gens, pas que des dents. »

    « Nous soignons des gens, pas que des dents. »

    Une approche centrée sur la personne (et pas sur un patient générique) permet d’aborder des situations complexes de manière efficace, parce qu’elle permet de prendre en compte les facteurs personnels. Les caractéristiques et les aspirations de la personne la première concernée, d’une part. Cette approche bio-psycho-sociale est à la fois nécessaire pour le diagnostic et le plan de traitements mais aussi pour de meilleurs résultats par l’établissement d’une alliance thérapeutique satisfaisante. Car l’approche centrée sur la personne concerne aussi les caractéristiques du praticien. De même qu’il n’y a pas de patient.e lambda, générique, chaque praticien exerce au mieux de ce qu’il/elle sait et de ce qu’il/elle est.

    L’intervention de Jean-Noel Vergnes (1) a été particulièrement inspirante sur ce point. Soulignant les enjeux éthiques de la relation de soin. Le/la dentiste-occlusodontiste est appelé.e à respecter les convictions de la personne qui consulte, par exemple en matière de médecines alternatives et complémentaires sans cautionner des pratiques qui lui semblent illusoires ou contraires à son éthique de soin (voir la pression sociale concernant le blanchiment qui mène certain.e à des pertes de chance).

    Douleur, fonction et adaptation

    Ce congrès aura sans doute rebattu les cartes pour beaucoup des participants. Il a même été question de changer le nom du CNO pour une dénomination plus large embrassant toutes les fonctions orales.

    Ce fut l’occasion d’entendre des acteurs extérieurs à l’odontologie. Et de promouvoir (enfin !) la nécessité d’aborder les problématiques fonctionnelles et d’adaptation dans une approche pluridisciplinaire. Saluons la belle initiative de l’équipe d’organisation sur ce point. Un cours-atelier a été proposé en pré-congrès, intitulé : « Au-delà de l’occlusion … ». Les animateurs, chercheurs et praticiens, issus de différentes spécialités ont partagé des outils étalonnés pour l’évaluation subjective et objective des fonctions manducatrices ainsi qu’une approche pratique de la kinésithérapie maxillo-faciale.

    Saluons ainsi particulièrement Martine Hennequin et l’épatante équipe du laboratoire du CROC de Clermont-Ferrand, et les pétulantes Caroline Alvarado et Anne-Sabine Cousin de Lyon. Ces contributions ont montré l’importance des coopérations pluridisciplinaires pour aider à la réhabilitation des fonctions, en respectant les gradients thérapeutiques et les besoins spécifiques de chacun.e.

    La douleur a été abordé par différents intervenants rapportant, dernières avancées scientifiques dans le domaine. Yves Boucher, Nathan Moreau … ont eu le souci de faire découvrir comment appliquer ces connaissances dans la pratique quotidienne. Car, il s’agit, en dépit des co-pathologie, il s’agit pour les dentistes-occlusodontistes de prendre soin au mieux des personnes souffrant de problèmes associés à leur occlusion dentaire, et au besoin correspondre et/ou orienter vers les services hospitaliers spécialisés.

    Pour toute cette communauté de praticien.ne.s, ce congrès était, par ailleurs, l’occasion festive et chaleureuse de souhaiter bon vent à Bernard Fleiter. La relève est bien assurée. Bravo à toute l’équipe….